Il n’en reste pas moins que le journal doit faire face, au moins jusqu’au printemps 1948, à un financement insuffisant[364]. En termes d’« histoire orale », le travail probablement le plus méritoire a d’ailleurs été entrepris au cours de la même période : il s’agit de celui mené quatre ans durant par un groupe d’étudiants de l’Université du temps libre de Bretagne sous la direction de Jean-Paul Louvet. C’est peut-être d’ailleurs précisément là la raison pour laquelle la France demande à obtenir le plus de prisonniers possibles le plus rapidement possible : les autorités envisagent peut-être déjà une éventuelle future suspension provoquée par les critiques de l’opinion internationale. Autre preuve de la volonté de rationaliser la réparation des PG à partir de 1947, c’est à partir de cette année que sont rédigés et communiqués, par le ministère des Forces armées, les décomptes mensuels des prisonniers mentionnant leurs répartitions par secteurs et régions. Ce passage d’un rapport du préfet de l’Oise en juillet 1945 abonde en ce sens : « La répugnance qui existait dans le monde agricole contre cette main-d’œuvre a, à l’heure actuelle, totalement disparu »[144]. Ce ministère fédéral est donc crée pour succéder au « centre des prisonniers allemands et rapatriés des Ländes de l’Allemagne occidentale » en 1949. Elle couvre quelquefois les actes les plus criminels. Outre la peur des conséquences socio-économiques, il existe des rumeurs récurrentes selon lesquelles les PG bénéficieraient d’un traitement de faveur. Toujours d’après son témoignage, certains prisonniers entretenaient par ailleurs des relations avec certains gardes marocains. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), cote 770623/86, Courrier du ministre du Travail au délégué général du Comité international de la Croix-Rouge, 3 octobre 1949. De Gaulle, entre-temps, quitte le pouvoir le 20 janvier 1946 : déçu, ce partisan d’un pouvoir exécutif fort fustige l’avènement d’un nouveau « régime des partis »[9]. Dans le même temps, lors d’un Conseil des ministres tenu en mai 1945[52], on brandit d’ores et déjà le spectre de futures réactions internationales engendrées par cette mise au travail forcé de prisonniers allemands. D’autres associations tel le YMCA procède à de telles visites. J’étais blessé à la tête. Ce besoin est même estimé à 5 millions de personnes par les démographes du Haut Comité Consultatif de la Population et de la Famille auxquels appartient Alfred Sauvy[375]. Semblablement, comme évoqué au début de l'article, un ouvrage consacré à l’étude des PGA, Geschichte der deutschen Kriegsgefangenen des Zweiten eltkrieges (Vol. There's a problem loading this menu right now. Pero el interior estaba perfecto. Sans grand empressement, deux mois plus tard, les autorités françaises acceptent de prendre en charge ces milliers d’hommes ; ceux-ci seront répartis en deux contingents de 25 000 prisonniers chacun, l’un affecté en Afrique du Nord, l’autre en métropole. En 1945, l’opinion publique française demeure relativement hostile aux prisonniers. Ce sont elles qui s’occupent des questions pratiques relatives à l’emploi des PG, notamment du traitement des demandes faites par des employeurs civils. Mais la haine anti-allemande est bien, dans les premiers temps, directement liée à la guerre. Ces deux lettres devaient aussi figurer sur la « coiffure », la chemise, le caleçon ou le maillot (à l’encre indélébile par exemple)[315]. Or la guerre est de facto terminée depuis plus de deux ans. Comme le montre le schéma ci-contre intitulé « Hiérarchie du SPG », c’est la direction générale de la main-d’œuvre qui décide au sein du ministère du Travail des priorités économiques. Archives départementales du Nord (Lille) (archive citée Grégory Philippe), Côte 27W38347/1, Courrier du commissaire de la République de Lille au ministre de l’intérieur et à l’inspecteur général des camps, 07 juillet 1945. En Europe, l’idée même de la mise au travail massive de prisonniers allemands au service des économies nationales, fin 1944, semble trouver davantage son origine au sein de l’État-major allié qu’au sein du GPRF ou d’autres gouvernements nationaux. Il demande qu'on fasse observer aux employeurs débiteurs que, s’ils avaient eu recours à des travailleurs salariés ordinaires, ils auraient dû leur verser un salaire sans retard. À titre d’exemple, une Commission refusa la transformation d’un prisonnier en travailleur libre au motif que le dossier du candidat le signalait : « Noir - Confirmé Nazi - Propagandiste contre la France - élément à surveiller »[360]. Ainsi les socialistes craindront-ils autant le RPF que les communistes. Surtout, il n’était peut-être pas dans l’intérêt de l’armée et de la France de dénombrer précisément les prisonniers en 1945 car c’était en même temps se risquer à dénombrer le nombre de prisonniers décédés, un nombre possiblement difficile à justifier par les autorités. À l'instar des commandos miniers, un homme de confiance [en français dans le texte] représente les prisonniers allemands auprès de la direction. Cit., page concernée : Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), 770623/85, Rapport du lieutenant-colonel Vigan-Braquet au général commandant supérieur des troupes d'occupation, 5 août 1945. Propos recueilli auprès de Egon Greisner le 31 mai 2008. À 120 francs par jour et par PG pour le forestage, avec une réduction de 20 % pour le premier mois en raison des difficultés inhérentes à l’emploi des PG dans ce secteur ; Pour les autres employeurs, ceux du secteur privé, on prend comme référence le salaire du simple manœuvre dans la zone géographique concernée, ou le salaire correspondant à la qualification dans le cas d’un emploi qualifié. Bien entendu, les effectifs des PG mineurs étaient proportionnellement beaucoup plus importants dans le Nord-Pas-de-Calais, comme le montre le graphique 4 et c’est ce qui explique que c’est la région de Lille qui conservera le plus grand nombre de PG en 1948. Quelquefois même, les PG entretiennent des relations avec des Françaises, ce qui ne manque pas de susciter le très vif émoi de certains citoyens français[133]. Pour ce qui concerne les autres secteurs placés sous le contrôle de l’État ou de l’armée, les informations manquent, mais il est très probable que là aussi, l’indemnité compensatrice n’était pas appliquée. Cette question est capitale. En témoigne le camp de Dannes, dans le Boulonnais où près d’un millier de prisonniers y arrivent en une dizaine de jours à la mi-juin : cent d’entre eux sont déjà affectés au déminage et à divers travaux[84]. Il serait tentant de penser qu’à l’heure des prémices de la réconciliation franco-allemande, les prisonniers allemands abandonnent toute animosité envers les Français. Dans un courrier destiné à l’État-major – c’est lui qui a la charge de fournir le personnel –, elle communique un certain nombre de chiffres. À plusieurs reprises, comme cela a été évoqué, cet épisode a été au cœur de polémiques entourant le mauvais traitement supposé des prisonniers ; peut-on déterminer à ce stade si elles étaient justifiées ou non ? C’est là que sont entreposés les PG dans l’attente d’un travail et ceux en instance de rapatriement définitif. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), Côte 770623/85, Courrier du Ministre du Travail aux préfets, inspecteurs divisionnaires du travail et la main-d’œuvre, directeurs départementaux du travail et de la main-d’œuvre, directeurs régionaux des PG, commandants de dépôts militaires, 26 janvier 1948. La reconstruction est donc l’une des grandes priorités des autorités à la Libération. Archives du ministère des affaires étrangères (Paris) (archive citée par Grégory Philippe), Z 22, note de la direction des conventions administratives, ministère des Affaires étrangères, 6 juin 1945. D’après ces informations, la campagne de recrutement entreprise par la Légion étrangère au sortir de la guerre aurait donc permis d’engager entre 30 000 et 35 000 combattants allemands. Leur captivité en France a pu constituer une période de transition – rappelons-nous les quelques politiques de « dénazification » entreprises par les autorités françaises – mais la confrontation directe à la démocratie a probablement été déroutante. D’après les sources officielles, un prisonnier toucherait en moyenne 1 600 calories par jour en août 1945[90] mais on peut douter de la véracité de ce chiffre. Et de l’euphorie des premiers jours, les Français vont très vite basculer dans la désillusion. Personne ne craignait notre fuite, personne ne l’a tentée »[231]. Archives départementales du Nord (Lille) (archive citée Grégory Philippe), 27W38341/1, Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), 770623/90, Il s’agit du dossier cartonné intitulé « Evasions ». On prévoyait un bénéfice de plus de 8 milliards de francs pour 1946. Tout au long de cette tude approfondie qui est le fruit de plusieurs annes de recherches dans les archives franaises et allemandes, nous proposons aux passionns d'histoire militaire et collectionneurs une immersion totale dans l'univers trs rglement et parfois surprenant de la vareuse de campagne en drap de l'arme de terre allemande. Or, l’épisode des PGA occupe une place très marginale, sinon inexistante, dans le cycle des commémorations et des anniversaires. À la fin de la guerre, ce sont un demi-million d’Allemands qui sont détenus en France[29]. Celle-ci a été adoptée le 27 juillet 1929 et ratifiée par la France et l’Allemagne. », « de jeunes gens très corrects, agréables, respectant des règles d’hygiène exemplaires lorsque la mairie a pu leur fournir un habillement correct, en échange de leur uniforme. Beaucoup de camarades se sont laissés prendre et j’ai presque envie de me joindre à eux, mais un camarade plus âgé que moi me le déconseille et je reste »[238]. Quant aux travailleurs restants, on estime qu’ils sont peu productifs et que les incidents avec la population locale ne sont pas rares[458]. Alors qu’en 1938, le bassin minier produisait 28 millions de tonnes de charbon[70], on passa de 15,9 millions de tonnes en 1944[73] et de 18 millions en 1945[70] à 28,4 millions de tonnes en 1946[74] : le charbon était de retour, la bataille était gagnée. Eux aussi travailleront pour la France, mais ils seront libérés beaucoup plus rapidement que les prisonniers allemands. Comme le laisse entendre ce premier témoignage, l'identification de PG criminels de guerre était centralisée à Paris et elle relevait, très probablement, de la compétence du « Service de Recherche des Crimes de Guerre » auquel fait allusion le ministre du Travail dans un de des courriers[368] ; ce service tenait, entre autres choses, un fichier des criminels de guerre[369]. Il est évident que la convention de Genève n’a pas été scrupuleusement respectée : les conditions de détentions des premiers mois, en 1945, furent exécrables et on peut considérer que le principe même de captivité a été contraire à la Convention internationale dans la mesure où la guerre était révolue. Dans les faits, il semble avéré que les « Volksdeutsches » éprouvent pour la plupart des sympathies pro-allemandes et qu’ils participaient parfois aux évasions[80]. Les autorités sont en effet consternées de constater que dans un village de la Nièvre, les habitants livrent les prisonniers qui leur sont confiés à des proches sans même en avertir les autorités[267]. À titre d’exemple, si au 31 octobre 1948, l’État n’a encaissé que 77 % des indemnités dues par les employeurs depuis 1945[303], on peut supposer que les 23 % restants lui furent majoritairement reversés par la suite, jusqu'en 1952. Pour preuve, ce sont visiblement les anciens prisonniers ayant choisi de vivre en France qui se sont faits les gardiens de la mémoire. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les dépôts ne furent pas créés à l’initiative de l’administration centrale, au contraire, ils furent créés ex nihilo en fonction des besoins des premiers mois, par les autorités locales. Certes, ils dorment sur la paille mais il leur est distribué régulièrement un coffret pour leur toilette et ils ont la possibilité d’écrire à leur famille toutes les semaines. « Pendant de longs mois et de longues années dans les camps de prisonniers, à côté de la faim, des rumeurs faisaient autorité en réapparaissant toujours, de temps en temps, chez les prisonniers pour les déprimer ou les décourager. Pourquoi nous sommes ici ? Les Archives départementales du Nord en témoignent d’ailleurs indirectement : si on y retrouve de nombreux rapports ayant trait à la question de l’opinion publique, ceux-ci datent quasiment tous d’avant le début de l’année 1946. On peut néanmoins conclure, sans trop de risques, qu’un nombre relativement restreint de prisonniers de la Wehrmacht internés en France en 1945 et 1946 a fait le choix de rejoindre les rangs de la Légion étrangère et de combattre sous le drapeau français : au grand maximum 30 000 – mais plus vraisemblablement 10 à 20 000 –, chiffres que l’on se doit de rapporter à un effectif total de plusieurs centaines de milliers d’anciens soldats. Sa difficile accession au camp des Vainqueurs deviendrait vaine si elle s’abaissait à la « bestialité » du Vaincu. En outre, ces hommes réapparaissaient aux yeux de leurs compatriotes tels des fantômes d’un Reich dont on voulait désormais taire le souvenir. Mais les uns comme les autres étaient avant tous des marins embarqués sur le même bateau et courant les mêmes risques. À la Libération, l’homme parvient à imposer le GPRF (Gouvernement Provisoire de la République française) comme l’unique nouveau pouvoir. Teintée de parti-pris idéologiques, cette conclusion illustre certainement l’état d’esprit qui règne alors : d’une part, le souhait de rendre justice à cette France souillée en mettant au travail, à son service, ceux responsables de ses maux et d’autre part utiliser ces « moyens » au maximum de leurs capacités pour redonner au pays la place qui lui est due. À ce jour, aucune archive confirme si la totalité des créances a été ou non in fine recouvrée. Face aux menaces potentielles qui pesaient sur leurs soldats détenus en Allemagne, les autorités américaines semblent avoir adopté une politique similaire : laisser à penser que leurs prisonniers allemands étaient particulièrement bien traités. Ils ne pourront le faire qu’accompagnés d’un officier militaire spécialement délégué pour l’occasion et ce uniquement dans des cas particuliers et exceptionnels[328]. Son témoignage, rédigé dans un français qu’il ne maîtrise visiblement pas totalement, manque de clarté. Le ton est donné, la presse nationale s’empare du sujet. Passé 1947, l’autorité militaire se contente des seuls SS. En dépit de l’apport économique considérable du travail de ces hommes et de son possible impact culturel (durant quatre années, Allemands et Français eurent à se côtoyer, notamment dans les campagnes françaises, dans le cadre de rapports professionnels), l’épisode de la détention des prisonniers de guerre allemands semble avoir été oublié des mémoires collectives française et allemande. Mais c’est à partir des côtes normandes que les troupes alliées ont entamé la Libération de la France. Le témoignage de cet ancien prisonnier mineur, Eugen Idler, est éloquent[142] : « Je pense à un moment particulier. Si polémique il y a, elle est donc à replacer dans le contexte de l’époque. Le partage des responsabilités, l’urgence des besoins à l’échelle locale et un pouvoir décisionnaire qui ne relève pas de l’autorité militaire expliquent ces pouvoirs restreints. Elles décident, au cours de l’été 1947, d’évaluer le travail de chaque prisonnier démineur avant le 1er octobre 1947[223]. En février 1948, le ministre des forces armées estime que les libérations se feront au rythme de 18 000 par mois entre le 1er avril et le 31 août 1948 et au rythme de 26 000 PG du 1er septembre au 30 novembre 1948[468]. Selon Horst Fusshöller, la nourriture ne s’améliora « sensiblement qu’à partir d’octobre 1946. Tel que : Dir. Outre les lenteurs inhérentes à la bureaucratie, ce problème des avoirs a peut-être également pu trouver son origine dans l’attitude d’employeurs peu scrupuleux, profitant des libérations pour retenir une partie du salaire de leurs anciens employés, employeurs peu scrupuleux au nombre desquels figurent notamment les communes rurales. Toutefois, officiellement, en vertu de la convention de Genève, le personnel sanitaire ne possède pas le statut de prisonnier de guerre mais celui de « personnel protégé » dans la mesure où la puissance détentrice (les autorités françaises) n’est autorisée à les détenir « que pour assurer les soins médicaux à leurs compatriotes »[227]. À l’inverse de la France, un organisme indépendant, le Young Men's Christian Association, fut directement associé, et financé à cet effet, à la mise en place des activités sportives et culturelles destinées aux prisonniers ainsi qu’à la promotion des valeurs démocratiques[357].