Laurent, Paris, Champion Classiques, 2003. 1 J. Delumeau, La peur en Occident (xiv e-xviii e siècles), Paris, Fayard, 1978, p.32. 54 Chr. Lestringant sur un corpus de textes du xvie siècle, « La famille des « tempêtes en mer ». Ainsi en est-il, notamment, de Guillaume de Rubrouck, de Marco Polo, de Guillaume de Boldensele, de Riccoldo de Montecroce ou encore de Jean de Mandeville. liues, […]. (Ed.). Boriaud, Paris, Les Belles Lettres, 1992, p. 74, 88, 118, 122-125. Villain-Gandossi, « Au Moyen Âge, le domaine de la peur », dans La mer, terreur et fascination, Paris, BnF/Seuil, 2004, p. 71. cit., p. 931). et trad. C. Varela et J. Gil, trad. Voici une sélection de leurs témoignages. Personne ne pensait s'en sortir vivant si bien que quelques matelots commencèrent à faire leur prière, ou se jetèrent carrément à l'eau. 1Pour celui qui ose prendre la mer, bien plus que les fonds marins dangereux, le calme plat, les créatures monstrueuses ou les navires pirates et ennemis, la tempête représente l’aventure de mer la plus commune et la plus redoutée1. Difficile d’écrire objectivement, de façon neutre et détachée, la tempête ! Le poète jerseyen Wace en offre de nombreux exemples parmi les plus longs et les plus aboutis que l’on puisse trouver dans la littérature de fiction de cette époque classique du Moyen Âge, sans doute à cause de sa très bonne connaissance théorique des auteurs antiques et de son savoir pratique des choses de la mer23. et trad. La description en est très longue et elle déclenche une quadruple promesse faite, en dernier ressort, pour calmer les éléments déchaînés ; or, en la circonstance, le sort désigne Colomb à deux reprises sur quatre pour s’acquitter des engagements formulés au nom de l’équipage et fait de lui le pèlerin à venir à Sainte-Marie de la Guadalupe et le fidèle qui priera une nuit à Sainte-Claire de Moguer où il fera dire une messe. I. Arnold, Paris, Didot, 1938, 2 t. 19 Éd. et trad. Édouard Philippe : «Je pense que nous allons affronter une tempête» L'ancien premier ministre était à Octeville-sur-mer pour soutenir la sénatrice LR Agnès Canayer. 5Quelques stylèmes dominants hérités des poètes latins, confortés en outre par les versets bibliques, s’imposent ainsi, qui concourent à créer une représentation voulue grandiose. Dans la littérature de fiction, pour le personnage ou le héros concerné, la tempête est une péripétie rendue sous la forme d’un motif littéraire stéréotypé, à la fois descriptif et narratif, directement hérité de l’Antiquité gréco-latine. En effet, le ciel était noir, sombre à en avoir des frissons dans le dos. Une tempête de grêle a provoqué jeudi soir plusieurs accidents sur la E40 entre Oostkamp et Jabbeke, en Flandre occidentale, rapporte Het Laatste Nieuws. J'aime beaucoup ! Une trentaine de maisons ont été endommagées selon la mairie. G. Paris, Paris, Champion, 1980), La Chanson de Roland, v. 688-689 (éd. Pétole complète, on glisse sur une toile cirée aux motifs de dauphins." 18 Éd. Dans le voyage spirituel entrepris comme expiation, en guise de remerciement, pour se rapprocher de Dieu, la tempête est une sorte d’épreuve qualifiante du bon chrétien, pendant laquelle le Diable s’efforce d’empêcher la réussite du projet pieux. Sujet : Ulysse a la permission de Calypso de rentrer enfin à Ithaque en radeau mais Poséidon, furieux, déclenche une terrible tempête. et trad. (La Conquête de Constantinople, éd. 22 Voir, p. Personne ne peut dire, personne ne peut croire à quel point les tempêtes sont cruelles. 3 Citons notamment : Anséis de Carthage, Anseÿs de Mes, Apollonius de Tyr, Aucassin et Nicolette, Blancandrin, Brut, Bueve de Hantone, Chronique des ducs de Normandie, Conception de Notre Dame, Éliduc de Marie de France, Éneas, Florence de Rome, Floriant et Florete, Guillaume d’Angleterre de Chrétien, Huon de Bordeaux, Jourdain de Blaye, Meliador, Partenopeu, Protheselaus, Robert le Diable, Rou, Sone de Nansay, Tristan de Thomas, Vie de saint Alexis, Vie de saint Gilles de Guillaume de Berneville, Vie de saint Nicholas, Voyage de saint Brandan…. Impression est donnée, par là, que toute tempête représentée dans les fictions médiévales est archétypique, semblable à n’importe quelle tempête. J. Heers et G. de Groer, Paris, CNRS, 1978 ; abrégé en Adorno. Comment échapper à une vision stéréotypée ? Le capitaine de l'embarcation essayait tant bien que mal de calmer la peur omniprésente. Le courant commençait à devenir fort, la mer s'agitait. Les modalités d’évaluation. L’ampleur et la force du bouleversement s’alimentent ici à une double image léguée par la Bible, celle du chaos primordial où les éléments étaient encore mêlés et celle du Déluge, tempête universelle première qui engloutit le monde des pécheurs : […] se leva une grande obcurté avec ung fort vent et puis apres aqui mesmes hault en l’ayre ung si tresque grant bruyt espaventable qu’il n’est ou monde bombarde ne canon eusse puissance de le fere tel ne sy grant comme celluy fut, car il sembloit que ce fust que siel et terre s’encontrast si grant estoit le cry qu’il fist, avec le quel descendi tout a cop une chose, que l’on ne savoit que c’estoit dedens nostre nef et donna tiel cop au grant albre qui lez voilles portoit qu’il le rompi en pluseurs piesses et y mist le feu 35 […]. R. B. C. Huygens, stud. Ch. ), 32 Dans la chronique de Robert de Clari, p. 52 Cette abréviation semble cependant due à une correction que l’auteur lui-même aurait faite et que Nicolas de Hude aurait enregistrée… (Compilation de Nicolas de Hude, éd. D. Boutet, Th. Ph. Les récits considérés, en effet, ne sont pas de simples guides consignant des itinéraires, indiquant des distances, des lieux privilégiés, des coutumes particulières ; ils enregistrent aussi des expériences pieuses qui mettent sévèrement à l’épreuve le pèlerin et dont celui-ci ressort affermi. Dur dur le métier de marin. Le début de la description de la tempête du 7 octobre, sous la plume de Nompar de Caumont souligne, par exemple, l’intrusion de ce type de fantastique démoniaque dans lequel s’abîme le monde marin et d’où la divinité est absente, d’où elle semble s’être retirée. cit., p. 35 passim. Les jeux de parallélismes et, plus généralement, la répétition disent le côté renouvelé et implacable des coups assenés, des éléments déchaînés : La tormente fu grant, li ciez devint oscur […].La tormente fu granz, que la mer fist meller. D. A. Trotter, University of Exeter, 1990, p. 20 et 24. Au bout de trois jours, la brusque embellie.5. Elle est l’une des deux dépressions situées au Nord-Est des Mascareignes. Comme la mer dont elle emblématise le côté magnifique, imprévisible, exigeant et invincible, quand elle n’est pas rendue négligeable par d’autres impératifs, la tempête possède en propre une puissance esthétique, narrative, spirituelle et métaphysique, qui, du Moyen Âge à l’époque moderne, fait d’elle un motif à succès, au rendement assuré, propre à susciter en retour chez l’auditeur-lecteur l’aversion et la terreur ou l’admiration et l’enthousiasme. (Brut, v. 6039-55). 42 Voir J. Delumeau, La peur en Occident, op. 24Certes, les journaux de bord tenus, à l’aube de la Renaissance, par de grands navigateurs comme Christophe Colomb ou Amerigo Vespucci, peuvent apparaître comme de fameux contre-exemples55, puisqu’ils relèvent de ce même pan de littérature, mais consigner tout ce qui arrive à bord est un usage marin ancestral et fondamental, qui deviendra à l’époque moderne, on le sait, une obligation. Sa représentation s’échappe ainsi du moule conventionnel relevé précédemment : la mise en scène gagne quelque souplesse, certains détails apportent la vérité des faits, par-delà les hyperboles qui perdurent, nécessaires pour faire sentir l’horreur indicible33, le vocabulaire est moins restreint, plus souvent technique34. Le naufrage semblait inévitable. Sources, 33, 1993, p. 7-24. Deluz). Grille d’évaluation. E. Löseth, Paris, Didot, 1903, v. 3385-96 ; Anséis de Carthage, éd. 34 Citons quelques exemples : bonetham, » la bonnette » (A. Adorno), velum magnum (A. Adorno), group (A. Adorno, L. de Sudheim) ou « gulph » (L. de Sudheim), bora, ciroco, maistre (« mistral ») (L. de Rochechouart). 36 Itinéraire d’Anselme Adorno en Terre Sainte (1470-1471), éd. 11Dans les récits de croisades ou de pèlerinages, la tempête n’est pas, sauf exception, un objet de poésie 31 ou une machine littéraire32 : elle apparaît comme l’une des nombreuses aventures possibles qui rendent si dangereux le voyage et montrent à quel point le salut ne dépend que de ce Dieu dont le pèlerin ou le croisé veulent justement se rapprocher. 40 « Après avoir couru, sur mer et sur terre, des dangers qui semblaient bien menaçants à ma fragilité, mais bien minimes en comparaison de la récompense divine » : c’est ainsi que s’exprime maître Thietmar à l’orée de son récit (Le Pèlerinage de Maître Thietmar, dans Croisades et Pèlerinages, op. Ainsi, la mer en tempête semble exiger un tribut, comme dans l’épisode biblique de Jonas : il faut jeter par-dessus bord l’être qui, par son péché ou son impureté (une femme récemment accouchée, par exemple), a déclenché la fureur divine et est responsable de la tempête. Une enveloppe brumeuse recouvrit tout l'horizon, l'équipage ne voyant plus le rivage prit panique. Krämer, Das Meer in der altfranzösischen Literatur, Giessen, 1919. L'arrière se fracassa littéralement. En plus des critères habituels attendus pour une rédaction (la cohérence du contenu – ici, le réinvestissement des connaissances historiques et littéraires sur … ULYSSE. 15Au début du xiie siècle, le récit du voyage en Terre Sainte de celui que l’on appelle Seawulf est rythmé par la mention de nombreuses tempêtes essuyées en mer, mais sans que jamais aucune d’elles ne soit proprement décrite, comme si la notation se suffisait en elle-même48 ; en revanche, à plusieurs reprises, dont une notable, juste avant l’arrivée à Jérusalem, la scène donne lieu à une méditation sur la bonté divine en ces circonstances et à une action de grâces de la part de celui qui a échappé de peu à la mort. Rédaction. Joukovsky a ainsi pu dire qu’un « récit de pèlerinage est un itinéraire allégorique », « une quête », ajoute-t-elle, en reprenant le mot du cosmographe Thévet45. Essai de généalogie », Études de Lettres, 2, 1984, p. 46. Les ondes, les remous se succédaient sans trêve. Bonnardot et A. Longnon, Paris, Didot, 1878 ; abrégé en Anglure. Puis nous remarquâmes que le vent soufflait de plus en plus fort de même pour les vagues qui jusque là étaient plates. Dans Huon de Bordeaux, l’amour entre le héros et Esclarmonde est ainsi immédiatement puni par le déclenchement d’une effroyable tempête (v. 7089-7105) ; de même dans Florence de Rome, la prière de l’héroïne sur le point d’être violée en pleine mer est aussitôt exaucée puisqu’une tempête se lève (v. 5365-98). 15 Outre l’ouvrage déjà cité de Frahm, voir Ph. La tempête Bella arrive en Normandie, samedi 26 décembre 2020, avec de fortes rafales de vent, de la pluie, et une mer déchaînée. (Le Voyage de saint Brendan29, v. 969-72). 12 Éd. La tempête Bella souffle sur la Manche. Or, les tempêtes les dévient, justement, de leur trajectoire, elles perturbent leurs mesures, faussent leurs calculs : prendre la peine de les décrire soigneusement, c’est suggérer, avant toute vérification, la dérive occasionnée que l’on ne peut qu’estimer, c’est se donner une possible marge d’erreur dans les points relevés qui seront proposés au souverain, commanditaire financier que l’on sollicitera sans doute de nouveau. 9La tradition judéo-chrétienne y ajoute l’idée courante que la tempête est moins un phénomène météorologique naturel 30 que l’expression d’un courroux divin, d’un châtiment que l’on cherche à apaiser par une prière à Dieu, à Marie, à des saints maritimes (Nicolas, Clément, Julien). Lauer, Paris, Champion, 1924, § XXV), 33 « […] j’ai subi des tempêtes variées et inouïes. Schefer, dans Recueil de voyages et documents pour servir à l’histoire de la géographie, Paris, 1891, p. 83 et Jean de Vignay, Les Merveilles de la Terre d’Outremer. Laurent dans ce volume). 4 J. Griswald, « À propos du thème descriptif de la tempête chez Wace et chez Thomas d’Angleterre », Mélanges Jean Frappier, Genève, Droz, 1970, p. 388-89. De Dieppe à Rouen : îles, mers et navigation, La mer et la mort dans la matière de Bretagne, , Presses Universitaires de Bordeaux, 2015, , Presses Universitaires de Bordeaux, 2012, Portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales, Une expérience qui est mise à l’épreuve de la foi, Suggérer l'acquisition à votre bibliothèque. C. Segre, Genève, Droz, 2003), Le Roman de Brut, v. 22, Aucassin et Nicolette, XXXIV (éd. Le vaisseau semblait destiné à passer à l'état de ruines. Un jour alors que nous n'étions plus que Hans, mon oncle et moi.Nous décidâmes de partir à la mer sur un radeau; Nous naviguions tranquillement et le vent soufflait légèrement. Les nuages obscurs ne laissaient pas entrevoir un seul rayon de soleil. C’est enfin l’occasion de rappeler, bien sûr, que ceux qui tiennent la plume et dirigent leur navire sont protégés de Dieu, ont su éventuellement se faire entendre de lui par leur sincère dévotion. Ils étaient perdus au milieu de l'océan, seuls sur ces eaux qui se troublaient. © Presses universitaires de Provence, 2006, Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540. Il pleuvait, des trompes d'eaux frappaient le navire. Tempête en mer : les 36 heures d'angoisse d'un rescapé "Entre deux vagues, je ne voyais plus le mât. P. S. Noble, Oxford, Medium Aevum Monographs, 1975, p. 57 ; désormais mentionné Caumont. Chr. L’écriture de la tempête en mer dans la littérature de fiction, de pèlerinage et de voyage. Qui plus est, elles y sont souvent longuement décrites : plaisir de raconter, volonté d’être sincère et exhaustif, souci de se faire valoir… – les raisons ne manquent pas. Son traitement littéraire, pourtant, est loin d’être uniforme : c’est l’objet de cette étude que de dégager quelques-unes des tendances qui m’ont semblé dominer et de montrer que l’écriture de ce motif est liée au type générique de l’œuvre et en exprime la visée. » (Ludolph de Sudheim, Le Chemin de la Terre sainte, VI, trad. Autant se dispenser d’une scène nécessairement conventionnelle et connue qui, somme toute, n’est pas digne d’être retenue puisqu’elle n’apporte rien de nouveau. A. Wallensköld, Paris, Didot, 1907, t. II. A. Combes et R. Trachsler, Paris, Champion Classiques, 2003, v. 2696-2711. Mais les plages océanes vont souffrir avec une houle maximale enregistrée par la bouée du Cap Ferret à plus de Fr. L'homme, qui a vu la tempête dans un rêve, devrait porter une attention particulière à votre état émotionnel. et trad. G. Lafaye, Paris, Les Belles Lettres, 1972) ; Les Fastes, I, III, v. 587-600 (éd. De surcroît, ces explorateurs sont précisément engagés dans des entreprises de mesure du monde destinées à situer les nouvelles terres découvertes, par rapport aux informations scientifiques que leur avaient transmises les Anciens. Plus qu’un phénomène météorologique, la tempête est une expérience : son écriture est nécessairement marquée, en littérature, du sceau de la subjectivité, de l’emphase, même quand elle est pré-formatée sur un modèle légué par la tradition et cadré par les stéréotypes. 11 Éd. 13Pourtant, ces scènes de tempêtes valent moins par leur fonction mimétique, leur effet de réel, que par leur fonction métaphysique. 185. A. J. Holden, Paris, Picard, 1970. Ils semblaient voués à affronter la tempête, ils n'avaient pas le choix. Villain-Gandossi, « La mer et la navigation maritime à travers quelques textes de la littérature française du xiie au xive siècle », Revue d’histoire économique et sociale, XLVII, 1969, n° 2, p. 156). Jean de Vignay, par exemple, traduisant en français Oderic de Pordenone au xive siècle, ne conserve que la mention d’une tempête comme évident châtiment et se dispense de sa description51. 30 J. Berlioz, « Les récits exemplaires, sources imprévues de l’histoire des catastrophes naturelles au Moyen Âge », Histoire des catastrophes naturelles, Paysages. 39 N. Doiron, « Les rituels de la tempête en mer. Rédaction. 16On conçoit mieux, dès lors, comment ce type de scènes possède, à toute époque, une aptitude particulière à la moralisation49 : celle à laquelle se livrent les acteurs de la scène, celle que la dévote méditation des lecteurs peut faire naître. Les coups portés aux rochers par les lames de fond sont les mêmes que ceux que je me porte au cœur. Lors des tempêtes de la fin novembre, sur la côte d’Azur, plusieurs coups de mer ont eu lieu. Le bord de mer a été fermé, le littoral a été dévasté…. Lachet, Sone de Nansay et le roman d’aventures en vers au xiiie siècle, Paris, Champion, 1992, p. 639-646. et trad. Les hyperboles (avec prolifération des indéfinis de la totalité, des adverbes d’intensité) témoignent de la puissance, voire de la démesure des éléments indomptables ; les accumulations vont dans le même sens. D. Régnier-Bohler, Paris, Laffont, 1997, p. 1036 ; désormais mentionné Sudheim.). In Connochie-Bourgne, C. Delcourt, D. James-Raoul, dir. 14 J. Grisward, « À propos du thème descriptif de la tempête… », art. Comme l’a bien montré E. de Saint-Denis, « à l’époque où sévissent les écoles de rhétorique, il y a une tempête, générale et classique, stylisée et codifiée d’après le modèle virgilien7 ». 28 Voir, p. Dans la littérature de pèlerinage, elle est le souvenir d’une expérience exceptionnelle pour celui qui a cru sa dernière heure arrivée : la tempête s’affranchit alors du moule fictionnel stéréotypé pour accéder à une forme plus personnelle, alimentant par sa vérité un projet autobiographique et, en tant que mise à l’épreuve spirituelle, prenant place dans le projet de peregrinatio. 35 Le Voyatge d’Oultremer en Jherusalem de Nompar, seigneur de Caumont, éd. -          Capitaine, on ne peut plus manœuvrer le bateau ! À 10 heures ce matin, la tempête tropicale modérée BONGOYO était centrée autour du point 21.5 degrés Sud en latitude et 75.9 degrés Est en longitude. 4Cette convergence, signe de ce que, naguère, J. Grisward avait suggéré être un « fonds commun littéraire » et « un reflet de [la] Culture4 » des auteurs considérés, me semble être fondamentalement due à un fait d’école : c’est le poinçon marqué de la tradition gréco-latine telle qu’elle était enseignée. Le bateau chavirait. Pourtant, il n’est que l’expression d’une réalité naturelle et météorologique peu susceptible de profonds changements dans sa représentation. 57 Voir Œuvres complètes, éd. 3La critique littéraire a depuis longtemps souligné la domination d’un schéma-type caractérisant les descriptions de tempêtes, indépendamment du lieu d’origine et de l’époque de l’année où celles-ci naissent : changement de temps soudain ; personnification de la mer en furie ; déchaînement des quatre vents ; taille des vagues ; obscurité ambiante ; noirceur de la mer ; air épais (brouillard, embruns) ; météores (tonnerre, éclairs, pluie, foudre…) ; conduite des hommes (manœuvres à bord, sentiment de peur, cris…) ; méfaits et dégâts matériels (voiles déchirées, cordages arrachés, mâts brisés, gens emportés) ; prières, invocations, promesses ; durée de trois jours ; louanges à Dieu.