Analyste politique et économiste béninois, Gilles Yabi est le fondateur et directeur exécutif du think tank WATHI, spécialisé dans les dynamiques politiques ouest-africaines. Il en a fait un ouvrage encore aujourd’hui considéré comme valable, La philosophie bantoue (Présence africaine, 1947). ». principes et objectifs stratégiques préconisés dans cette politique. Elle est donc, par nature, plus tolérante et plus ouverte aux autres : après tout, Jésus ou Mahomet sont aussi des intercesseurs efficaces. Leur fonction était similaire. Ensemble, l’homme bantou et lui ont découvert un univers de pensées et d’aspirations profondément humaines. ». Pour vous abonner à la newsletter La Revue Internationale, remplissez le formulaire ci-dessous. des coutumes et pratiques discriminatoires : les femmes représentent seulement 19% des propriétaires de terres agricoles (propriété privée ou jointe). Ces religions mixtes mâtinées de christianisme (ou aussi d’islam) ont pris des noms locaux selon les régions. Il y a là des barrières psychologiques, idéologiques et presque physiques, incompatibles avec le degré minimum de confiance que requiert une coopération. La nouvelle année aura certainement un goût amer pour le contingent français déployé au Sahel. Jouant le rôle d’intermédiaire entre l’État et la société, ils établissent le lien entre gouvernement et citoyens. Ces partis établissent des rapports de représentation durables avec des groupes sociaux dont ils articulent les intérêts dans la sphère publique, leurs labels sont devenus des marqueurs qui viennent structurer cognitivement la vie politique et la rendre intelligible aux yeux de l’électeur profane. Tous droits réservés. V. Darracq, « Jeux de pouvoir en Afrique : le Nigeria et l’Afrique du Sud face à la crise ivoirienne ». Par exemple, les pasteurs sahéliens peuls, transhumants, utilisent leur propre calendrier et distinguent jusqu’à cinq saisons ; ce qui leur permet une meilleure compréhension des risques. Et le « miracle sud-africain [9] » est loin d’être un cas unique. Les habitants de l’Afrique ne sont pas aujourd’hui confrontés à un modèle unique, imposé et rigide, celui de la démocratie “importée”, mais ils disposent d’un jeu de différents modèles qu’ils peuvent adapter en fonction des contraintes [10]. Mais il n’existe jamais seul. À l’instar de la bonne gouvernance, ces notions sont au cœur de la charte de l’Union africaine (UA) fondée en 2002 ou des projets d’intentions du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (New Partnership for Africa’s Development, NEPAD). Les récentes élections en Zambie sont révélatrices d’un changement de paradigme. Ainsi, les dernières élections législatives et présidentielle de mars et avril 2011 au Nigeria, bien que saluées par la communauté internationale comme les plus régulières que le pays ait connues depuis la réintroduction de la démocratie en 1999, ont été marquées par une violence meurtrière (plusieurs centaines de morts). Les deux étaient chargés de guérir les maux de la société qui ont empiré sous la colonisation. 19En dépit de ces éléments, une lecture négative du fonctionnement des élections en Afrique doit être nuancée. Alors qu’il s’agissait, comme dans les autres religions, d’une pensée explicative du monde et de soi, les anthropologues arrivés après Tempels ont malheureusement figé cet univers religieux en « guérisseurs » et en « sorciers » et accentué l’usage de pratiques rituelles spécifiques, comme les transes ou l’usage de plantes hallucinogènes (l’usage du chanvre indien est caractéristique du culte Mbwiti au Gabon). Au gré des soubresauts de la vie politique kenyane, des transhumances politiques et des recompositions de la scène partisane, tous les leaders politiques actuels se connaissent personnellement, ont été à un moment ou l’autre collègues au sein d’un même parti, d’une même coalition, d’un même gouvernement. Les élections récentes en Zambie sont par exemple significatives. La pratique des projets environnementaux en Afrique Parfait Oumba To cite this version: Parfait Oumba. Cette étude analyse les politiques, pratiques et tendances actuelles dans le domaine des migra-tions dans les quinze États membres de la CEDEAO. De nombreux partis africains peuvent ainsi être décrits comme des coquilles vides, faiblement institutionnalisées, aux structures organisationnelles souvent inexistantes : il peut parfois s’agir d’un parti simplement regroupé autour d’un leader, fruit d’une énième scission et voué à disparaître à la prochaine élection ou à la prochaine coalition [5]. Ajoutons à cela la fréquence de sociétés secrètes, dont la pratique a facilité l’adoption de sociétés modernes analogues, comme la franc-maçonnerie largement utilisée par les chefs d’État africains aujourd’hui. Any cookies that may not be particularly necessary for the website to function and is used specifically to collect user personal data via analytics, ads, other embedded contents are termed as non-necessary cookies. Il s’agit ainsi de réinvestir la « politique du ventre » et plus encore celle « du bas ventre » sous l’angle du domestique et de l’intime en détaillant l’historicité des pratiques d’alliance, de séduction, de sexualité, de violence, d’adultère, de procréation, de parentalité qui façonnent les pratiques politiques (Nyamjoh 2009, Cole & Thomas 2009, Stoler 2013 [2002]). Ils formalisent et agrègent des revendications sociales qu’ils articulent dans des programmes de gouvernement. Intervention prononcée lors du colloque Où va l'Afrique du 30 octobre 2006. Spécificités et limites. In addition, many elections are plagued with violence, and post-electoral crises can sometimes only be resolved by unsatisfactory power-sharing agreements. Enfin, on verra que plusieurs évolutions positives peuvent être relevées dans un certain nombre d’États africains, qui peuvent y laisser augurer d’une consolidation de la démocratie électorale. L’agriculture et l’alimentation en Afrique de l’Ouest. Ils devinrent donc – et sont restés – une force économique essentielle : lorsqu’eut lieu le referendum de 1958 sur la création gaullienne de la Communauté, le vote positif du Sénégal, très hésitant, fut surnommé par les Sénégalais « le oui des marabouts ». 1Pour introduire ce dossier thématique, nous avons délibérément choisi de penser philosophiquement la politique (et non pas le politique) en Afrique. Necessary cookies are absolutely essential for the website to function properly. Comme en Asie, les musulmans n’y sont pas des Arabes. À leur arrivée dans la seconde moitié du XVe siècle, les Portugais y recherchaient le domaine du prêtre Jean – ce qui s’est avéré une erreur concernant l’ancienne Éthiopie. Aujourd’hui, la quasi-totalité des dirigeants africains se revendiquent comme élus du peuple et pourraient très difficilement en faire autrement. This category only includes cookies that ensures basic functionalities and security features of the website. 16Or, avant de sanctifier ce modèle de partage du pouvoir et de le reconnaître comme une modalité « acceptable », si elle est transitoire, de l’acclimatation de la procédure élective en Afrique, il faut en étudier les effets localement, dans des contextes spécifiques. Dans ces élections, des dirigeants ou des familles fermement installés peuvent s’appuyer dans leur entreprise de conservation du pouvoir sur les moyens de l’État, sur ses fonctionnaires qui deviennent des agents électoraux du parti au pouvoir, sur ses ressources économiques (ou sur celles qu’ils ont personnellement amassées en gérant l’État comme leur bien propre). On pourrait avancer ici la notion de « régime hybride » proposée par Patrick Quantin, qu’il définit en ces termes : « Le modèle occidental revient en force à partir de 1990 (démocratie mondialisée). L’islam en Afrique subsaharienne été longtemps protégé par un humanisme tolérant dû à son inspiration soufie, prônant le mysticisme plutôt que l’affrontement. Cela a pu provoquer l’insurrection des peuple conquis : El Hadj Omar en fut la victime qui mourut en 1856 victime d’une vaste révolte, acculé dans la falaise Dogon de Bandiagara. C’est sous l‘influence du rigorisme wahhabite importé récemment du Moyen-Orient (guère avant les années 1940-1950) que l’islam subsaharien, rompant avec la pratique séculaire des confréries, a pris parfois, ces derniers temps, des formes rigoristes. Si elle bénéficie d’une couverture très favorable – en particulier à. ont aussi appris à maîtriser les codes de la compétition électorale et sont plus aptes qu’hier à traquer les irrégularités et les tentatives de détournement du processus électoral par le pouvoir en place. Le processus électoral s’est également imposé dans les années 1990 comme un moyen pour des dirigeants en place mais contestés de relégitimer leur régime en perte de vitesse et de se « réinventer » comme des promoteurs de la démocratie. Mutations, performances et politiques agricoles. D’un point de vue juridique, les élections sont de plus en plus encadrées afin de garantir leur périodicité, l’égalité et le secret des suffrages. 20D’une manière plus générale, on pourrait affirmer que l’essentiel des critiques adressées à la qualité des processus électoraux, et par extension à la démocratie en Afrique, ne se fonde pas sur une description de ce qu’est cette dernière, mais plutôt de ce qu’elle n’est pas, à savoir le modèle de la démocratie électorale occidentale. These cookies do not store any personal information. Le continent recèle d’authentiques réussites démocratiques, où des élections indiscutablement transparentes et pacifiques aboutissent de manière régulière à des résultats légitimes et reconnus par la grande majorité des élites politiques et des citoyens. Pour les idéologues de l’ex-mouvement de libération ZANU-PF, le MDC-T est un regroupement de traîtres à la nation collaborant avec l’Occident pour brader l’indépendance. pour la pratique dans le contexte de l’Afrique (par exemple sur les normes et standards de pratique, l’éthique, les besoins en formation, l’enseignement, etc.). Néanmoins, on n’est jamais à l’abri de conduites locales non contrôlées. Le chef était aussi le garant de la maintenance de son royaume parce qu’il était l’intercesseur de son peuple auprès des ancêtres ; il assurait en somme la liaison entre le monde politique des vivants et le domaine surnaturel qui en régissait l’ordre. On ne pouvait le combattre qu’en se conciliant la bienveillance protectrice des ancêtres ; d’où la multiplicité des recours possibles, qui se sont enrichis avec l’apport des religions nouvelles. Un proverbe dit : « Les Africains sont chrétiens-animistes, musulmans-animistes ou animistes-animistes ». Pourtant, deux raisons principales justifient un tel choix : la première tient au fait que lon a toujours voulu, depuis Platon et Aristote, cantonner la réflexion philosophique sur le politique, cest-à-dire à son essence, à ses caractéristiques fo… Son objectif n’était en rien religieux. 7Enfin, les institutions africaines sont désormais d’ardentes promotrices de la démocratie et de l’élection en Afrique. Les historiens ont ainsi démontré que l’histoire de l’implantation du suffrage universel en France sous la IIe et la IIIe République est au moins partiellement une histoire de fraude, où bourrages d’urnes, vote collectif et coercition étaient largement répandus [11]. Mais les résultats de certaines élections sont toujours sujets à caution : on peut ainsi penser aux dernières élections présidentielles au Togo, où la victoire de Faure Eyadéma n’a été reconnue que du bout des lèvres par une Union européenne (UE) finalement peu désireuse de remettre ouvertement en cause les résultats d’un scrutin qu’elle avait largement financé et organisé. You are currently viewing the French edition of our site. Mais, pendant longtemps, la culture musulmane est demeurée un fait urbain très minoritaire. Son but est de mieux expliquer les poli-tiques migratoires déjà mises en œuvre par les pays d’Afrique de l’Ouest tout en soulignant les domaines où un manque de cadres cohérents se fait sentir. Avec la collaboration de Sylvie Zongo, Pratiques et méthodes d'évaluation en Afrique, Valéry Ridde, Seni Kouanda, Jean-François Kobiané, L'harmattan. Plus jeune ministre du pays en 2018, cette personnalité brillante et souriante ne pratique pas la langue de bois. Celui-ci a permis à Robert Mugabe de garder son poste alors que Morgan Tsvangirai devenait Premier ministre. La machinerie électorale se développe. Ainsi, pour les élections législatives de 2007 au Kenya, 153 partis étaient officiellement répertoriés. Sorcellerie et pouvoirs magiques, souvent maléfiques, restent imbriqués au pouvoir politique, sous des formes parfois redoutables (sacrifices animaux et parfois humains, pratiques d’empoisonnements quasi-légitimées par la religion et rites magiques divers souvent dangereux, comme les ordalies). Ainsi, comme le démontre Mathieu Merino, au Kenya, des « patrons » locaux, qui autrefois auraient pu faire carrière politique sur leur nom et leur fortune, ont pris conscience de la nouvelle prégnance, aux yeux de l’électeur, des étiquettes partisanes, et s’attachent à obtenir, pour se présenter aux élections législatives dans leurs circonscriptions, l’investiture d’un des grands partis kenyans : l’étiquette partisane devient une ressource politique, qui garantit une certaine visibilité et une certaine crédibilité [13].