De ce point de vue, l’intégration relève moins de l’économie que de la stabilité. Faire de la recherche sur l’Afrique devient donc un vrai défi dans ces conditions. on peut soutenir d’une façon convaincante, que dans virtuellement tous les États africains, les relations État-société se définissent en premier lieu par le patrimonialisme. De façon directe ou indirecte ils ont su insuffler un esprit nouveau, critique et emprunt d'idéalisme qui a à jamais bouleversé nos conceptions de la Res Publica et de la façon dont le pouvoir doit s'exercer. L'American Political Science Association compte 42 sections organisées1. Cette période constitue un moment phare de l’analyse sur l’Afrique, en raison notamment du développement de modèles théoriques ambitieux, à travers lesquels leurs concepteurs, pour la plupart extérieurs au continent, pensaient échapper aux différences trop marquées entre l’Afrique et l’Occident tout en saisissant la première au prisme du second. L'Afrique du Sud, forte de son poids économique et politique, joue un rôle moteur pour la recherche en Afrique, en attirant notamment de nombreux étudiants africains (2ème destination derrière la France). 5 Paul Zeleza, Manufacturing African Studies and Crises, Dakar, Codesria, 1997. En général, l’étude des modes populaires d’action politique ne vise pas tant à montrer la résistance de la société, même si certains auteurs comme Bayart parlent de revanche des sociétés, qu’à montrer que la société n’est pas amorphe même en contexte autoritaire, idée déjà présente chez les sociologues des totalitarismes tels que Hannah Arendt. The Civic Culture (1963), de Gabriel Almond et Sidney Verba, donna lieu à l'une des premières enquêtes transnationales à grande échelle en sciences politiques et popularisa la pratique des études comparatives[6]. La science politique en tant qu'objet n'existe pas au Moyen Âge. L'administration publique chinoise est la plus ancienne (le « mandarinat ») et commence à cette époque. C’est ce qui justifie que l’OUA ait été créée sur la base du principe de l’intangibilité des frontières issues de la colonisation. Badie montre ainsi comment, dans ces études, l’idée selon laquelle centre et périphérie correspondent respectivement à la modernité et à la tradition, le passage à la première se faisant sur les cendres de la seconde, s’est imposée. Les États africains peuvent varier dans leur idéologie, leur développement économique, leur style de leadership, mais ils ont tous d’une façon significative un noyau patrimonial commun32. Loin de receler des réalités irréductibles qui échapperaient à la compréhension et à l\'analyse de la science politique, l\'Afrique offre aussi bien des terrains propices à l\'analyse d\'objets classiques de la science politique que des terrains d\'observation sur des enjeux uniques et féconds. 7 John Harbeson, « Africa in World Politics: Amid Renewal, Deepening Crisis », dans John Harbeson et Donald Rothchild (dir. Cette évolution de la francophonie linguistique vers la francophonie politique a permis à cette organisation d'élargir sa sphère d'influence en admettant en son sein de pays non francophones. Néanmoins, la pensée « politique » est alimentée par un certain nombre de paradigmes. Cette posture est commune à de nombreux autres modèles comparatifs, et lorsqu’on évoque l’État prédateur28, la politique du ventre29, la criminalisation de l’État30, on met surtout en avant l’extériorité de l’État. Deux figures originales viennent bouleverser peu ou prou les conceptions du temps et, en définitive, appuyer les prétentions impériales au détriment de la papauté : Marsile de Padoue, qui distingue strictement la morale religieuse (basée sur l'Évangile) de la morale politique ou morale naturelle (fondée sur la conception aristotélicienne), il distingue totalement la foi et la raison et fait l'apologie de la monarchie élective; et Guillaume d'Ockham qui considère que le pouvoir temporel est d'un autre ordre que le pouvoir spirituel, se plaçant ainsi dans une logique de séparation précoce entre le spirituel et le temporel. Dakar, CODESRIA, 1994, 61 p., ISSN 0850-2633. La réflexion sur la politique n’est pas une activité nouvelle. La science politique est une discipline académique qui étudie le politique. L’ancienne colonie britannique est devenue une référence en Afrique pour sa stabilité politique et son respect de l'Etat de droit. La méthodologie politique désigne le domaine des sciences politiques consacré à l'application des méthodes quantitatives à la science politique. À la longue, la fragmentation territoriale se réduit car certains seigneurs sont éliminés de la course. Il inventorie les grandes entreprises de classification des objets de science et les mille autres faits qui ont concouru à la naissance de la science du politique. The State of Political Science in Western Europe. Thématique Architecture, urbanisme et aménagement, Thématique Gestion, marketing et communications, Thématique Santé, médecine, sciences infirmières et service social, Par auteurs, Par personnes citées, Par mots clés. Les anthropologues occidentaux sont les premiers à s’en être d’abord occupés, car dans la division du travail académique entre disciplines des sciences sociales, ils avaient hérité des objets considérés comme exotiques. On distingue deux doctrines politico-sociale différentes : le populationnisme et le malthusianisme. Rattaché à la faculté de droit et de science politique (FADESP), le CESPo œuvre pour la promotion, l’institutionnalisation et la dynamisation de la science politique en Afrique francophone. L’analyse de la démocratisation est passée par plusieurs phases : après la vague d’euphorie, les reflux démocratiques enregistrés ont eu pour effet de donner lieu à des travaux plus équilibrés, voire clairement pessimistes. À défaut de développer de tels cadres, il n’y a d’autre issue que d’en adopter parmi ceux qui sont élaborés ailleurs. Si ces démarches ont été parfois sévèrement critiquées33 au motif, entre autres, qu’elles semblent réduire la complexité de la réalité, confortant la croyance souvent répandue que l’Afrique est une entité homogène et corrompue, il n’en reste pas moins que l’identification de ces invariants a offert un substitut au vide laissé par la faillite des grands modèles d’analyse. La méthode historique[11] ne consiste ni en une collection de dates et une succession d'évènements ni en une histoire quantitative mais à retracer l'« histoire longue du politique »[12] afin de mettre en lumière les « logiques sociales à l'œuvre dans la vie politique »[13] sur le long terme. durée : 00:55:30 - La Terre au carré - par : Mathieu Vidard - Les phénomènes géologiques racontent notre planète née il y a 4,56 milliards d'années. Dans nombre de pays africains, la première condition fait cruellement défaut en ce qui concerne la science politique, en partie parce que cette discipline ne … De ce point de vue, les modes populaires d’action politique sont généralement vus comme essentiellement équivoques. L’état des sources bibliographiques y est tel que même la réalisation d’un travail monographique relève de la gageure. Certains auteurs y ajoutent les études stratégiques. 38 Michael Bratton, « Beyond the State: Civil Society and Associational Life in Africa », World Politics, vol. La science politique est la discipline qui étudie les phénomènes politiques. Il n’en est pas de même en ce qui concerne l’aire régionale africaine. Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search, Gazibo, M. 2010. L’histoire de la science politique montre une évolution des méthodes utilisées qui s’inscrit néanmoins dans une certaine continuité du point de vue de la rigueur de l’analyse. Cette question de la construction d’un centre est au cœur de nombreux travaux aujourd’hui classiques de Reinhart Bendix ou encore Norbert Elias17. Ce qu’ils montraient, c’est l’existence d’organisations dont les relations avec l’État allaient de l’immersion totale à l’indépendance et à l’interdépendance. Quant aux modèles d’analyse de relève, compte tenu du caractère récent des mutations, et en raison de la domination des modèles d’analyse sur l’intégration et la démocratisation, aucun véritable corpus théorique original ne s’est développé à leur propos. Cependant, ce modèle a aussi ses faiblesses et n’a pas vraiment permis « d’étudier l’Afrique pour elle-même ». Dans les autres cas, le registre est celui de l'essai ou du commentaire politique. Dans nombre de pays africains, la première condition fait cruellement défaut en ce qui concerne la science politique, en partie parce que cette discipline ne constitue pas une priorité dans les politiques d’éducation. Du Bois, fondateur de l’Association américaine pour le progrès des gens de couleur (NAACP), organisateur du premier congrès panafricain, à Paris, en 1919 ; Marcus Garvey qui prônait le retour en Afrique des Afro-Américains ou encore Georges Padmore. 21Là également, comme dans le cas des développementalistes, l’évolution des sociétés africaines n’a pas suivi le schéma tracé. La crise de la fiscalité, la disette, les mouvements de population qui accompagnent ces recompositions laissent penser qu’il s’agit d’une simple lutte entre prédateurs et que, à ce titre, elle ne conduira ni à la prospérité ni à la démocratie. 9En outre, la crise généralisée de l’État en Afrique dans les années 1980 a contribué à l’effondrement des infrastructures académiques et des moyens de fonctionnement des universités, comme nous le montre Paul Zeleza6. Son influence fut considérable en cela qu'elle permit de répandre le goût de la science politique et l'habitude de l'étudier d'un point de vue historique[réf. Ce domaine de recherche a émergé au cours des années 1980 notamment sous l'impulsion d'auteurs comme Gary King[14]. 25 Walter Rodney, How Europe Underdevelopped Africa, Détroit, Howard University Press, 1972 ; Samir Amin, Le développement inégal : essai sur les formations sociales du capitalisme périphérique, Paris, Minuit, 1973. L’Afrique est un continent qui couvre 6 % de la surface de la Terre et 20 % de la surface des terres émergées.Sa superficie est de 30 415 873 km 2 avec les îles, ce qui en fait la troisième mondiale si l'on compte l'Amérique comme un seul continent. Aujourd’hui âgé de 56 ans, le professeur Luc Sindjoun est un vieux de la vielle dans le domaine de la science politique en Afrique et dans le monde. Dans cette perspective, la démocratisation coule par conséquent comme un long fleuve tranquille selon l’expression consacrée, puisqu’elle est considérée comme une nécessité inscrite dans l’ordre de l’évolution historique. 29Il s’appuie sur Zaki Ergas selon lequel. Par contrecoup, le rejet de l'étude mesquine des procédés contemporains permit à des courants d'idées totalement différents et novateurs d'émerger[réf. Si cette extraversion ne constitue pas un problème épistémologique en soi pour autant que les outils soient heuristiques, il est évident qu’elle limite la visibilité de la production africaine et installe durablement la recherche sur l’Afrique dans une situation de dépendance théorique et conceptuelle par rapport aux travaux des chercheurs extérieurs. Globalement, on constate que ce second modèle entendait dépasser les théories développementalistes, notamment dans leurs visions libérale, occidentalocentrée et modernisatrice. 26Des études de moyenne portée ont alors voulu s’interroger sur la réalité du pouvoir et des institutions en Afrique, en ne se contentant plus des proclamations et des dispositions formelles, mais en adoptant une posture plus sociologique que juridique. 33 Mwayila Tshiyembe, « La science politique africaniste et le statut théorique de l’État : un bilan négatif », Politique africaine, no 71, 1998, p. 109-132. Jean de Salisbury, dans le Policraticus, aborde la question de la responsabilité des rois vis-à-vis de leurs sujets (même s'il défend le droit de ceux-ci à punir les responsables de lèse-majesté), soumis qu'ils sont à la volonté de Dieu et de l'Église et pourrait bien être l'un des premiers à envisager la possibilité du tyrannicide. Les premiers penseurs politiques tels que Thucydide, Platon ou Aristote adoptent une attitude visant à établir les faits et à définir les concepts avec un souci de rigueur significatif.